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MOIS ALCYONIENS

— Tu ne connais pas Mariette ! Il faudra que je te la présente.

Un vrai paquet de nerfs et d’aiguilles, toujours vibrant, prêt à piquer.

Brune avait des cheveux noir-bleu, des yeux vague couleur du temps, tantôt rieur, tantôt farouches, orgueilleuse sur ses talons, qu’elle choisit démesurés pour hausser sa petite taille, Mariette parfois m’épouvante, tant éclatent subites ses colères, moi qui suis près d’elle un géant.

Telle on imagine Cléopâtre, la souple couleuvre du Nil, qui, pour s’introduire chez César, se faisait rouler dans un tapis et porter sous le bras par un esclave.

Mais si délicieuse au repos, Mariette, dans les intervalles d’accalmie !

Elle appelle cela ses moi alcyonien — car, sans trop paraître y toucher, elle a de la littérature — et l’expression est en effet charmante pour désigner, entre deux tempêtes, ces périodes de beaux jours dont, s’il faut en croire nos marins, les alcyons perdus au large profitent pour aimer et se construire, flottante alcôve, un nid léger d’écume et d’algue