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LES CADRES DORÉS DE GANDOLIN

comme il s’en rencontre autour des Halles et sur le boulevard Saint-Michel.

Gandolin les prenait jeunes par goût, et par bonté d’âme, il les prenait pauvres. Jeunesse et pauvreté vont d’ailleurs volontiers ensemble chez ces créatures sans défense en qui ne s’insinuera que bien plus tard l’expérience de la vie.

Paternel et apitoyé, avec un peu de remords, au réveil, mais la conscience satisfaite, Gandolin n’aurait pas su dire s’il s’agissait en ces rencontres d’une débauche ou bien d’une bonne action.

Souvent même, la bonne action se trouvait double, lorsque, par hasard, la personne, ainsi provisoirement adoptée, avait le caprice d’adopter, à son tour, chemin faisant, un chien perdu.

Amener dans son domicile, passé minuit, une petite malheureuse, même accompagnée d’un chien perdu, constitue l’enfance de l’art. Mais la faire sortir le matin sans trop de scandale, aux clartés dénonciatrices de l’aube, par la porte à peine entr’ouverte d’un vieil hôtel seigneurial, est une opération plus délicate.