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FRIQUETTES ET FRIQUETS

— C’est Moumou ! répétait Lagremuse désespérément ; et comme tout Montmartre savait qu’il aimait Moumou et se figurait être aimé d’elle, chacun aussitôt comprit le pourquoi de son désespoir.

En face des gentils petons de Moumou, une seconde paire de pieds avait pris place, énormes ceux-là, d’aspect conquérant et militaire, que des éperons agrémentaient.

— Bon ! l’artilleur… On m’avait bien dit que Moumou me trompait avec un artilleur ; mais je feignais de ne rien voir, je voulais douter encore. Maintenant, hélas ! le doute n’est pas possible.

Oh non ! il n’était pas possible le doute. Rien de significatif et d’amoureusement éloquent comme la pantomime à laquelle, là-haut, les mignonnes bottines féminines et les bottes militaires se livraient.

C’étaient des approches, des appels, des fuites, des superpositions aussi troublantes que des caresses ; et, pour finir, l’étreinte finale des grosses bottes tenant entre leurs semelles à clous les bottines emprisonnées.

Maintenant, Lagremuse ne soupirait plus.