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FRIQUETTES ET FRIQUETS

pagne ! Or, nous nous trouvions justement à moins d’un quart d’heure de Bougival.

Après Bougival et un léger apéritif dégusté au Bal de Canotiers, rien n’empêcherait de suivre tranquillement jusqu’à Chatou les berges de l’île, en s’arrêtant à la Grenouillère, où une escale s’imposait.

La route est charmante, à vrai dire. Un fond de hauteurs boisée qui s’estompent dans la brume du jour tombant. Des murs de parc, des villas blanches ; et au premier plan, sous la berge herbue, bordée de vieux saules noyés, aux creux desquels, ainsi qu’en de baroques vases japonais, a poussé un foisonnement d’herbes folles, le grand bras de Seine, miroir clair que fend parfois un skiff rapide, ou qui parfois se plisse en plis circulaires au saut brusque et court d’un poisson.

La bande avait filé devant, avec chansons et mirlitons, et je cheminais seul sous les branches, songeant non sans mélancolie à cette horreur de la tranquillité qui possède les petites personnes bien tranquilles, quand, au tournant d’un sentier, un double spectacle m’étonna.