Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204
FRIQUETTES ET FRIQUETS

de cette manie. Une mère à cabas, un frère ivrogne. Le soir, on dînait en famille.

Nous mangions la salade, un soir. C’est elle qui l’avait préparée. J’osai demander un peu de vinaigre.

— Alors, il n’y a pas assez de vinaigre ?

— Mais, chérie…

— Alors, la salade est manquée !

— Qui diable te dit !…

— Alors, je ne sais pas faire la salade ?… Alors, je ne rais rien faire ?

— Voyons, calmes-toi, tu exagères.

— Alors, je suis une…

Ici un mot peut-être déplacé sur les lèvres d’une petite personne bien tranquille ; le saladier, lancé d’une main sûre, s’aplatissant contre le mur et cette phrase mémorable, dans une crise de nerfs et de larmes : « S’il est permis de traiter ainsi une personne bien tranquille, qui avait assaisonné si tranquillement sa salade ? » La famille, au surplus, me donna tort.

— Ce paradis a duré longtemps ?

— Une semaine ronde, depuis le lundi, jour de notre rencontre, jusqu’au dimanche.