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FRIQUETTES ET FRIQUETS

ce champs d’ajoncs, Rosalinde n’était plus la même.

On aurait cru que je venais de lui révéler la Nature, tant il y avait de joie naïve et de reconnaissance dans ses yeux.

Autour de ses lèvres aussi, quoique les bois, en cette saison, avec leur clair treillis de branchages dépouillés où, parfois, noire et blanche sur le ciel nacré des beaux jours d’hiver, se perche une pie, n’offrent guère de retrait propice aux furtives stations d’amour.

Et c’était pour elle une joie, mon bras fort soutenant sa taille, de dégringoler les sentiers pendants, bordés de talus sablonneux, que couronne un bourrelet de fraîche mousse, pendant que notre chien — il était déjà « notre chien » — s’essoufflait à suivre, s’arrêtant parfois inquiet et perdu jusqu’au cou dans un amas de feuilles mortes.

Donc, arrivés au bord de l’étang, et comme le chien s’arrêtait encore, Rosalinde se mit à courir, me faisant signe de la suivre et contournant l’étang jusqu’à un lavoir vermoulu dont la toiture en planches s’écroulait parmi des roseaux et des ronces.