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FRIQUETTES ET FRIQUETS

midi, l’intervalle de repos que l’usage accorde.

Il faut, à la vérité, prendre le temps de son déjeuner là-dessus. Mais soixante minutes, c’est si long ! il peut tenir tant de choses en soixante minutes ! Et, d’autre part, un déjeuner se becquette si vite, quand on a ses dents de seize ans, sur la table en marbre des restaurants à dix-huit sous et des crèmeries. Un quart d’heure y suffit, et quelquefois moins d’un quart d’heure.

Puis, toute de suite la promenade, deux par deux, trois par trois, bras dessus bras dessous et barrant la rue.

Fières comme Artaban, quelques-unes pas plus hautes qu’une botte, elles s’en vont à petits pas pour bien montrer que rien ne les presse. En nombre, elles se croient chez elles. Elles sont chez elles, en effet. La rue, entre onze heures et midi, appartient à la friquette, de même que l’aire aux friquets lorsque les batteurs sont partis.

Nulle préoccupation d’arriver vite comme le matin, ni de se donner un air d’importance comme le soir.

En cheveux — un chapeau est trop long à