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FRIQUETTES ET FRIQUETS

Et je songe, considérant, d’un œil sympathique autant qu’amusé, les friquettes, leur défilé bruyant.

De grands savants et des poètes ont décrit les mœurs des friquets ; qui décrira les mœurs des friquettes ?

La friquette a son nid loin du Paris central.

Arrivées ce matin par les interminables rues qui descendent des Batignolles, de Montmartre et de la Chapelle, vers l’heure où, dans la ville silencieuse et teintée de rose par l’aurore, s’éveillent à toutes les fenêtres des milliers d’oiseaux chanteurs, les voilà maintenant en train de peiner, pauvre friquettes, essoufflées un peu, mais attentives, sauf parfois un regard en dessous, et le corsage soulevé par des revenez-y de fou rire.

Comme elles travaillent, les friquettes, s’escrimant de la langue et des doigts, improvisant avec un peu de gaze, de fil de fer, de gomme, et quelques poussières colorées, des fleurs vivantes à tromper une abeille, ou bien drapant et chiffonnant ces parures et ces coiffures sans lesquelles les Parisiennes seraient encore belles, certes ! — le moyen de faire