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FRIQUETTES ET FRIQUETS

embaumé d’une odeur d’encens par le frôlement des soutanes, où mollement, chaque matin, vous réveillerait le son des cloches.

Et Savinien se berce en de vagues pensées mystiques, étant de cette jeunesse d’à-présent chez qui, dans le désastre des croyances, survit on ne sait quel besoin de tendre religiosité, doux psychologues déséquilibrés qui rêvent de Trappe ou Moulin-Rouge et qui, si la Trappe s’ouvrait pour eux, croiraient voir, nouveaux saint Antoine, Grille-d’Égout ou la Goulue esquisser son pas canaille et tentateur entre deux piliers blancs de cloître.

Xavier Luc ne se perdait point dans des considérations aussi subtiles.

Parisien et homme d’esprit, mais d’un esprit préoccupé surtout de son enveloppe animale, il attachait une importance extrême aux choses du boire et du manger. De sorte qu’il n’avait amené son ami Savinien dîner ainsi à l’hôtel Bridaine ni pour la poésie des rues Garancière ou du Canivet, ni pour le chant voilé des cloches, ni pour la fine odeur d’encens se mêlant au fumet des plats, mais parce qu’il savait ceci que certaines tables d’hôte avoisi-