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FRIQUETTES ET FRIQUETS

il allait toujours, il allait tandis que se déroulait le flot de mes philippiques intérieures.

Il allait du côté de la brasserie qui, automatiquement, s’entr’ouvrit pour le recevoir.

Mais, rassure-toi, Monselet, il n’entra pas, et tu vas comprendre combien fut douce ma surprise.

Près de la brasserie, sous une porte cochère, luisaient, rouges dans l’obscurité relative, les braises du fourneau d’un marchand de marrons. C’est devant cet homme d’Auvergne que le bon potache s’arrêta. Il fit ses achats gravement sans paraître se soucier de quelques féminines railleries. Puis, ingénu et fier, le cœur content, les poches pleines, il disparut dans la direction de Louis-le-Grand, exhalant au passage une bonne odeur de cosses grillées.

Et, m’écriant au contraire de Titus : « Tu n’as pas perdu ta journée ! » je revins chez moi, ô Monselet, pour crayonner à ton intention ce léger croquis du bon potache.