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LE BON POTACHE

travers la grille du jardin les pelouses sous le clair de lune.

Puis, s’étant assis sur la bordure de pierre taillée, il alluma une vieille pipe, dont il tenait, par modestie ou bien par habitude de prudence, le fourneau caché dans le creux de sa main.

Moi je songeais, en latin, ma foi ! « Macte animo… Courage, jeune homme, dernier représentant des vertus simples, espoir mal peigné de la patrie, qui, laissant ceux de ton âge dépenser leurs jeunesses enthousiasmes en monnaie, te conserves, pour l’avenir, précieux et brut comme un lingot ! »

Huit heures sonnèrent à l’horloge de la Sorbonne.

Le bon potache se dressa, flaira l’air, consulta sa bourse, et je le vis, quelle ironie ! je le vis se diriger, lui, mon potache, le bon potache, vers un des établissements stigmatisés plus haut, sur les rideaux duquel des femmes, la tête en arrière, le corsage bombé, et portant des plateaux, se dessinaient en ombres chinoises.

— « Sta viator, arrête, infortuné ! » Mais