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LE BON POTACHE

Aussi, plus d’une fois, pour sauver de la retenue quelque écolier attardé rôdant devant la porte d’un lycée, comme aux enfers, devant la barque de Caron, une pauvre ombre sans obole, nous avons consenti — tu t’en souviens, ô Monselet ! — à remplir sans aucun mandat le rôle de correspondant oncle ou père. L’écolier généralement manquait de sang-froid et avait un peut trop l’attitude d’un coupable. L’œil du censeur, en nous dévisageant, s’aiguisait de défiance. Mais ta ronde et bonne figure finissait quand même par désarmer le soupçon.

Eh bien, le dimanche dont il s’agit, les collégiens me déplaisent.

Je les trouvais prétentieusement vieillots avec leurs stiks et leurs monocles, et leurs souliers luisants, longs et plats comme une limande frais pêchée. Je me demandais non sans angoisse : « Quelle notation musicale pourra-t-on bien appliquer, lorsqu’ils auront vingt-cinq ans, à ces gaillards qui, le nez encore blanc du lait de nounou, s’enorgueillissent d’être bécarre ? » Et la chouette philosophique, continuant à miauler sa chan-