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FRIQUETTES ET FRIQUETS

notre présence. Rien n’était plus facile : deux kilomètres de chaussée à suivre et puis le pont à traverser.

Mais les charmes d’un bon dîner à la fois solide et délicat, dans un logis que le propriétaire a su mettre à hauteur du moderne confort sans lui enlever son ordonnance paysanne, les attraits d’un grand feu de bois léchant les landiers de ses langues d’or, tout cela, avec un peu de béate somnolence et de fatigue, nous retint au delà de l’heure ; de sorte qu’il était bien tard, presque trop tard, lorsque nous songeâmes à nous mettre en route.

Déjà les gars, égayés par l’air frisquet, revenaient, se faisant aux pattes d’oies des chemins de bruyants adieux auxquels succédait, bientôt évanoui dans la nuit, une refrain de chants solitaires.

Les filles s’en allaient par groupes, chaque caravane regagnant à regret son village.

Pourtant, celles de Luzancy, plus rapprochées, n’étaient pas parties encore. On dansait le dernier quadrille ; et j’eus le loisir des les admirer, non pas précisément toutes belles