Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
FRIQUETTES ET FRIQUETS

Jamais fleur d’aloës, au bord de la mer bleue, entre les rocs calcinés des Maures, ne poussa si vite en deux jours.

Tige frêle dont une grappe de fleurs serrées ne fléchissait pas la rigidité, elle se dressait tragique et charmante.

Pour comble de malheur un malicieux rayon de soleil prolongeait encore démesurément sur le mur, pareille à l’aiguille de Balthazar, sa paradoxale ombre portée.

Je compris alors qu’en effet deux fois vingt-quatre heures marquées à l’horloge des jacinthes peuvent contenir une éternité de douleurs.

Mon crime me semblait avoir duré des siècles.

Et tandis que Céline, riant et pleurnichant, faisait au bâtonnet une encoche nouvelle, je l’embrassai d’abord et puis je baisai la jacinthe, mon âme soudain inondée d’un remords vraiment délicieux.