Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
LA JACINTHE

core ; et ne sentis ma faute, le surlendemain, comme Pierre, qu’au troisième chant du coq.

Vous me croirez si vous voulez : Céline, quand je revins, ne se fâcha pas. Mais combien à ce calme douloureusement résigné j’eusse préféré sa colère !

Elle était assise, toute en larmes :

— « J’espérais ne vous revoir jamais plus, puisque maintenant vous me préférez les autres… »

Les autres, dans le vocabulaire des jalousies de Céline, représentait mes amis, l’univers et généralement tout ce qui n’était pas Céline.

Elle ajouta :

— « Qu’avez-vous pu faire tout ce temps ? car voici bien une semaine…

— Non, Céline ! à peine deux jours, répondis-je, cherchant des excuses philosophiques ; j’ai manqué deux jours seulement, et qu’est-ce que deux jours par rapport à l’éternité ? »

Mais Céline, d’un geste accablé, avec un sourire incrédule et des reproches plein les yeux, montra simplement la jacinthe.

Oh ! la jacinthe accusatrice !