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LA JACINTHE

rable m’avait séduit, une chambrette sous les toits.

Les chambrettes d’étudiants sont toutes à peu près meublées de la même façon : une table, un lit, une maîtresse.

Ma maîtresse s’appelait Céline. Nous nous aimions beaucoup. Je faisais pour elle de nombreux vers :

C’est un matin de mars qu’elle m’est revenue,
Éveillant le jardin d’un bruit de falbalas,
L’enfant toujours cruelle et toujours ingénue
Que je n’ai point aimée et qui ne m’aimait pas.

Le givre s’égouttait aux branches ; mais, plus bas,
La neige ourlait encor les buis de l’avenue,
Et le frisson d’hiver, sous leur écorce nue,
Emprisonnait le rire embaumé des lilas.

Un clair rayon brilla soudain : — C’est moi !… dit-elle.
Dans l’air moins froid passa comme un cri d’hirondelle,
Je la vis me sourire et crus avoir seize ans ;

Et depuis quelquefois je me surprends à dire,
Songeant à ce rayon, songeant à ce sourire :
C’était presque l’amour et presque le printemps !

Or précisément, ce matin de mars, pour célébrer l’heureux retour, nous étions allés avec Céline acheter des fleurs au marché