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FRIQUETTES ET FRIQUETS

entendu, et rapportant une charge de mouron frais comme rosée.

Parti de Paris avant l’aube, — depuis Arcueil où les champs commencent jusqu’au Robinson des prairies qui dresse ses escarpolettes et ses « bosquets » dominicaux parmi les peupliers, au bord d’une Bièvre sulfureuse un peu, mais cristalline encore et paresseusement herbue, — l’ingénu vagabond, le long des fossés et des haies, avait tout le matin cueilli l’herbe, fleurie d’étoiles pâles, dont se consolent dans l’exil des villes nos gentils prisonniers chanteurs.

Il faisait ainsi chaque jour, et ne pensait qu’à son mouron.

Le triple aqueduc superposant, dans une perspective géante, digne de tenter les pinceaux d’Hubert Robert ou de Piranèse, un mur romain au noble appareil, le rang d’arches majestueuses dû à Marie de Médicis, et le conduit utilitaire mais sans grandeur par où circulent les eaux de la Vanne, mon marchand de mouron l’ignorait, bien qu’il eût cent fois passé dessous.

Il ignorait également, pour n’avoir jamais