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Contes de Provence

Après le déjeuner, nous sommes descendus nous chauffer à la cuisine, car avec ce mistral qui teint le ciel du plus vif azur, on cuit au soleil, mais on gèle à l’ombre.

Dans le coin de la cheminée, un solide gaillard, le garçon de ferme, geignait, emmitouflé, écoutant le feu, tandis que, devant lui, sur un des grands landiers évasés en porte-écuelle, un bol de tisane fumait.

« Eh bien, Bartoumiou, lui dit le maître, ça va-t-il un peu mieux que l’autre jour ?

— Pas encore trop fort !… Que voulez-vous ; après une émotion pareille !

— Allons, tant mieux ! Ça t’apprendra à me prendre mon fusil pour tirer les lapins en cachette. »

Le début m’intéressait : il y avait là une aventure ! Désireux de connaître la suite, je me gardai bien de souffler mot. Les gens d’ici sont surtout ennemis du