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CONTES DE PROVENCE

mon arrivée, je suis obligé de cligner de l’œil devant l’éclat des rochers blancs, de la route blanche, du Rhône frisé en mille vagues où s’éparpille le soleil, et de l’horizon de montagnes dont une argentine vapeur doucement teintée de violet ennoblit encore les lignes classiques.

Au premier plan, au haut d’un poteau, sur le bleu satiné du ciel, un moulin à vent minuscule tourne, actionné furieusement par le vent divin, le Circius irrésistible que les Romains ont adoré ; et ce moulin, à chaque tour de ses palettes, heurte, butte, choque et repousse la longue lance d’un Don Quichotte monté sur ressorts, grave et naïve marionnette à qui ces atouts précipités donnent les gestes et l’allure d’un chevalier livrant bataille.

« Cet homme armé, m’a dit l’aubergiste, est le meilleur des baromètres ; quand il se met à faire tapage, on n’a plus à craindre le mauvais temps. »