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CONTES DE PROVENCE

la présence de l’arrosoir et du panier n’avait en somme rien d’extraordinaire — un cabanon comme les autres ; une de ces cigalières sans ombre où les bons Provençaux, restés musulmans par plus d’un coin, passent leurs dimanches délicieusement à se réjouir entre amis, face à face avec la nature et surtout loin de leurs épouses. Sur les murs blanchis à la chaux et décorés d’ustensiles de cuisine, se lisaient des inscriptions joyeuses : « Buvons ! — Chantons ! — Égayons-nous ! » Des listes de convives, au crayon, avec une croix à côté du nom des morts, rappelaient la date et le souvenir des déjeuners marquants dont le cabanon fut le théâtre. Au milieu de la cheminée, une pendule peinte en trompe-l’œil, sans aiguilles, s’enguirlandait de la philosophique devise : « Ici le cadran n’a pas d’heures. »

Sous la surveillance de trois hommes attentifs à entretenir les braises, trois casseroles glougloutaient. Le quatrième,