vigne de Toutes-Bises. C’était là mon remède ordinaire, et rarement mes maladies avaient résisté à quelques heures de promenade à la vigne en compagnie de cet homme sentencieux et réfléchi qui savait le nom des plantes, la place des astres, reconnaissait les oiseaux à leur chant et me paraissait un peu sorcier.
Le plus souvent je voulais l’aider ; mais cette fois je préférai rester tout seul, assis à l’écart, près de la source.
Le travail fut long : il s’agissait, sans éborgner les jeunes pousses, de descendre les fagots de l’année d’avant, épars entre les souches, jusqu’au bas des allées où broutait l’âne. De temps en temps, Peu-Parle me criait :
« T’ennuies-tu, petit ?… Si tu as faim, cueille une figue. »
Mais je n’avais pas faim et ne m’ennuyais pas : le cœur un peu gros, je pensais à Domnine.
« Il faut pourtant achever aujourd’hui, nous nous en irons avec la lune ! »