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CONTES DE PROVENCE

féremment Ninette, Nine ou bien Domnine du nom de son patron Domnim qui est un grand saint dans le pays.

Quand, galopinant dans les bas quartiers, après la classe, nous passions sous la voûte sombre où débouche un antique égout, et que la bande prenait sa course en criant : « Homme à la barrette rouge, attrape le dernier ! » je prenais la main de Domnine, et, pour la faire mieux courir, je restais souvent le dernier, bien que j’eusse grand’peur de la Barrette rouge.

L’été, on nous laissait aller ensemble hors des remparts de la ville jusqu’à la lisière des champs, ce qui nous semblait être très loin.

L’hiver, il m’arrivait de lui donner une aile de raisin pendu, des sorbes mûries sur la paille, et même de mon sucre pour mettre dans son pain de noix.

Un jour Domnine ne vint plus chanter dans nos rondes les chansons qu’elle