Le père Noé se montrait sur ce point méticuleux comme un bouddhiste. Aussi son clos nous faisait-il l’effet, dans nos imaginations enfantines, d’un second paradis terrestre où vivaient heureuses, en pleine liberté, toutes les bestioles de la création. Sans compter les oiseaux bruyants et innombrables, de superbes lézards verts, le dos chatoyant et grenu comme une bourse brodée de perles, se chauffaient au soleil un peu partout, le long des muraillettes de pierre sèche étagées en terrasse pour empêcher la bonne terre de glisser. Des lapins ignorants du coup de fusil venaient effrontément galoper et cabrioler à la barbe de leur protecteur ; et dans les crépuscules d’automne, de gros insectes à la silhouette fantastique passaient d’un vol vibrant et lourd sur les nuages pourpres du couchant.
Un jour, vaguant dans le clos Saint-Laze avec l’autorisation du père Noé, nous trouvâmes un lièvre au gîte, de