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CONTES DE PROVENCE

tomba, les deux feuilles découpées en cœur se déplièrent, et bientôt, du Lubéron à la Durance, toute la plaine verdoya.

Seul, le champ de Pitalugue ne bougeait point.

« Pitalugue, que font tes haricots ? »

Et Pitalugue répondait :

« Ils travaillent sous terre. »

Cependant les haricots de Pertuis s’étant mis à filer, il fallut des soutiens pour leurs tiges fragiles. De tous côtés, dans les cannières plantées en tête de chaque champ, les paysans, serpette en main, coupaient des roseaux. Pitalugue coupa des roseaux comme tout le monde. Il en nettoya les nœuds, il les appareilla, puis les disposa en faisceau, quatre par quatre et le sommet noué d’un brin de jonc, de façon à ménager aux haricots, qui bientôt grimperaient dessus, ce qu’il faut d’air et de lumière.

Au bout de la seconde quinzaine, les haricots de Pertuis avaient grimpé, et