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CONTES DE PROVENCE

(les joueurs ne se vendent pas entre eux), notre homme, après cinq minutes de profond désespoir, prit, comme on l’a vu, son parti en brave :

« Je ne peux pas semer des haricots puisque je n’en ai plus, se dit-il en riant dans sa barbiche, mais je peux faire semblant d’en semer. La Zoun n’y verra que du feu, le hasard est grand, et d’ici à la récolte bien des choses se seront passées. »

Bien des choses en effet se passèrent qui mirent Pertuis en émoi.

D’abord, Pitalugue changea du tout au tout. Talonné par le remords et craignant toujours d’être découvert, il renonça au jeu, déserta l’auberge. Lui, que ses meilleurs amis accusaient de trouver la terre trop basse, on le vit, dans son petit champ, piocher, gratter, rustiquer à mort.

Jamais haricots mieux soignés que ces haricots qui n’existaient pas !

Tous les soirs, au coucher du soleil,