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CONTES DE PROVENCE

et tout en jetant sur le champ un regard discret et circulaire, il ajouta :

« Pour des haricots bien semés, voilà des haricots bien semés. Pourvu qu’il ne gèle pas dessus.

— Ne craignez rien, la semence est bonne, » répondit philosophiquement Pitalugue.

Et, tranquille comme Baptiste, il acheva son pain, ferma son couteau, but le coup de grâce et se remit au travail, tandis que la Zoun et M. Cougourdan s’éloignaient.

« Hardi, les haricots ! murmurait-il en continuant sa besogne illusoire, encore un ! un encore ! des cents !! des mille !!! Les voisins aujourd’hui ne diront pas que Pitalugue ne fait rien et qu’il a passé le temps à fainéanter sous sa courge. »


Il peina ainsi jusqu’au soleil couché.

« Hé ! Pitalugue, holà ! Pitalugue, lui criaient du chemin les paysans qui,