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CONTES DE PROVENCE

blique accusait de se divertir parfois à l’usure.

La justice de paix vaquant ce jour-là, et réduit à ne poursuivre personne, M. Cougourdan avait imaginé d’apporter ses registres à la campagne. M. Cougourdan aimait la nature ; un beau paysage l’inspirait, le chant des oiseaux, loin de le distraire, ne faisait qu’activer ses calculs, et c’est ainsi, le front rafraîchi par l’ombre mouvante des arbres, qu’il inventait ses plus subtiles procédures.

Le spectacle doucement rustique de Pitalugue travaillant mit M. Cougourdan en verve ;

« Une idée ! si je tirais au clair les comptes de ce Pitalugue ! »

Et M. Cougourdan constata qu’ayant, l’année d’auparavant, prêté cent francs à Pitalugue, Pitalugue se trouvait, à l’heure présente, lui devoir juste cent écus.

« Bah ! les haricots me paieront cela ; je ferai saisir à la récolte. »