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CONTES DE PROVENCE

Il embrassa de même les enfants. Puis, ayant déplacé et replacé le buisson, il s’en alla dans la nuit noire.

Huit jours après, Tardive recevait une bourse contenant quelques écus. Elle devina, — le pays se trouvait en guerre, — que Bénistan avait dû se faire soldat.


Bénistan eut des aventures, car il était fort brave et ne s’épargnait point.

Un jour, se battant avec des Sarrasins qui venaient de débarquer et pillaient le long de la mer, Bénistan fut laissé pour mort par ses compagnons dans la mêlée. Mort ? non pas : mais évanoui. Il revint à lui entre le ciel et l’eau, au milieu de gens coiffés de turbans. Il comprit qu’on l’emmenait prisonnier sur une tartane ; et, s’étonnant de ne pas être chargé de chaînes selon l’usage, il s’aperçut qu’il avait les deux bras cassés chacun d’un coup de feu et les deux jambes tailladées d’une infinité de coups