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CONTES DE PROVENCE

à vivre seul dans un bien qu’il possédait au quartier des Hubacs, loin de la ville.

Pas très gai, le quartier des Hubacs : supportable à peine au printemps, avec ses rangées d’amandiers fleuris et blancs au milieu des blés qui verdoient, mais déplorablement désolé quand, une fois les récoltes enlevées, il ne reste plus entre les chaumes, sous les amandiers recroquevillés, que la terre sèche et poudreuse où luisent des fragments de silex noir.

La bastide du vieux Mïus n’en paraissait que plus galante par contraste, et l’on aurait dit que toute l’humide fraîcheur de ce maussade revers de montagne s’était écoulée, ramassée au creux de son vallon. Un modeste vallon, d’ailleurs : d’abord simple déchirure de marne bleue, lavine bientôt élargie et devenue propre aux cultures, mais tout de suite coupée en travers par le lit pierreux d’un torrent. Seulement,