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PROPOS DE CHASSE


Cependant la pluie tombait toujours.

Par la petite fenêtre du pavillon de chasse on apercevait à peine, comme au travers d’un fin treillis, la ligne indécise des futaies. Plus près, c’étaient des labours noyés, des fossés remplis de boue jaune.

Il y eut un moment de silence pendant lequel s’entendit plus distinctement le bruit des gouttes tambourinant sur la toiture et sur les vitres. Mais un fagot jeté en travers de la cheminée éclaira soudain l’étroit réduit. La gaieté revint ; des pipes furent bourrées ; et, tandis que trois chiens balayaient à grands coups de queue, sur le sol en plâtre battu, les feuilles sèches et les brindilles, trois chasseurs, parisiens recommencèrent à improviser des histoires de chasseurs.

— … Il m’est arrivé presque aussi fort, affirma le garde lorsque tout le monde eut parlé, oui, presque aussi fort, avec un lièvre. Quel lièvre ! Je le vois encore. En le posant tout fumant sur la grande table, Madeline s’était écriée : «  Mon Dieu, qu’il est lourd !  » Et quand mon oncle — le ciel ait son âme — essaya de le découper, il sentit une résistance sous le couteau… Mais non, mieux vaut m’arrêter là ; si je disais la suite vous me prendriez pour un Marseillais.