venir la tête furieuse de votre premier maître d’études.
À cette époque, je faisais des vers, mais des vers latins comme Jean Second, le cardinal Bembo et le divin Sannazar ; j’ai même retrouvé, il n’y a pas six mois, un petit cahier soigneusement calligraphié, avec ce titre en lettres romaines :
OPERA QUÆ SUPERSUNT
Quæ supersunt ! comprenez-vous ? Ce qui reste, ce qui a surnagé des œuvres perdues de Jean-des-Figues. Quæ supersunt, comme pour Térence ou Plaute et les fragments mutilés de Tacite. Opera simplement eût été trop simple ; mais, Opera quæ supersunt !
Et, voyez le destin, ce titre naïf qui vous fait sourire se trouva être juste en fin de compte. Jean-des-Figues n’acheva jamais de calligraphier son volume ; une bonne moitié restée en feuilles volantes se perdit, et l’œuvre latine de Jean-des-Figues n’arrivera, hélas ! que très-incomplète aux siècles futurs : Johannis Ficulei opéra quæ supersunt.
C’est qu’au milieu de mes travaux littéraires, une pensée était venue tout à coup troubler la tranquillité de mon âme. César, à vingt ans, pleurait de n’avoir encore rien conquis ; un jour,