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parce que le danger qu’il redoute pour lui le rend incapable de résister à l’injustice ; et il s’enfuit non pas en changeant de lieu, mais en privant ses brebis de son appui. A la vue des dangers que court son troupeau, le mercenaire n’est enflammé d’aucun sentiment de zèle ; et il supporte avec indifférence les maux qui viennent fondre sur ses brebis, parce qu’il n’est préoccupé que de ses intérêts personnels. « Le mercenaire s’enfuit, » etc. L’unique raison pour laquelle le mercenaire s’enfuit, c’est qu’il est mercenaire ; et voici le sens de ces paroles : Celui qui dirige les brebis non par un sentiment d’amour, mais en vue d’un gain sordide, ne peut supporter le danger qui menace les brebis, et il redoute de l’affronter, parce qu’il craint de perdre ce qu’il aime.


S. AUG. (Tr. 46 sur S. Jean.) Les Apôtres étaient des pasteurs et non des mercenaires, et pourquoi donc fuyaient-ils devant la persécution, obéissant en cela au conseil du Sauveur : « S’ils vous persécutent, fuyez » (Mt 10, 23.) Frappons, quelqu’un nous ouvrira. — S.AUG. (Lett. 180 à Honor.) Les serviteurs de Jésus-Christ, les ministres de sa parole et de ses sacrements peuvent fuir de ville en ville, peuvent fuir de ville en ville,et spécial de la haine des persécuteurs, à la condition que l’Église ne soit pas abandonnée par ceux qu’épargne la persécution. Mais lorsque le danger devient commun pour tous, pour les évêques, pour les clercs, pour les simples fidèles, ceux qui ont besoin du ministère de leurs frères, ne doivent pas être abandonnés par eux. Que tous donc s’enfuient alors dans des lieux de sûreté, ou que ceux qui sont obligés de rester ne soient pas privés du ministère de ceux qui doivent pourvoir à leurs besoins spirituels. Ainsi il est permis aux ministres de Jésus-Christ, de fuir devant la persécution,