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Il ne lui dit pas : Vous m’avez touché, mais vous m’avez vu, parce que la vue est comme un sens général qui, dans le langage ordinaire, comprend les quatre autres sens. C’est ainsi que nous disons : Ecoutez et voyez quel son harmonieux, sentez et voyez quelle odeur agréable, touchez et voyez quelle chaleur ? C’est ainsi que Nôtre-Seigneur lui-même dit à Thomas : « Mettez-la votre doigt, et voyez mes mains, » ce qui ne veut dire autre chose que : « Touchez et voyez. » Thomas cependant n’avait pas les yeux au bout du doigt. Les deux opérations de la vue et du toucher sont donc exprimées dans ces paroles du Sauveur : « Parce que vous m’avez vu, vous avez cru. » On pourrait dire encore que Thomas n’osa pas toucher le corps de Jésus, bien qu’il le lui offrît.




S. GREG. (hom. 26.) L’Apôtre nous dit : « La foi est le fondement des choses que l’on doit espérer, et une pleine conviction de celles qu’on ne voit point. » (He 11, 1) Il est donc évident que ce que l’on voit clairement n’est pas l’objet de la foi, mais de la connaissance. Pourquoi donc le Sauveur dit-il à Thomas, qui avait vu et touché : « Parce que vous avez vu, vous avez cru ? » C’est qu’il crut autre chose que ce qu’il voyait. Ses yeux ne voyaient qu’un homme, et il confessait un Dieu. Les paroles qui suivent : « Bienheureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru, » répandent une grande joie dans notre âme, car c’est nous que Nôtre-Seigneur a eus particulièrement en vue, nous qui croyons dans notre esprit en celui que nous n’avons pas vu de nos yeux, si toutefois nos œuvres sont conformes à notre foi. Car la vraie foi est celle qui se traduit et se prouve par les œuvres. — S. AUG. Le Sauveur parle ici au passé, parce que dans les décrets de sa prédestination, il regardait comme déjà fait ce qui devait arriver. —