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qu’ils l’ont versé pour leurs brebis, et qu’ils l’ont versé non par orgueil, mais par charité. Il est des hérétiques, en effet, qui osent décorer du nom de martyre les tribulations qu’ils ont pu souffrir à cause de leurs erreurs et de leurs iniquités, et qui se couvrent de ce manteau pour pouvoir plus facilement voler et piller, parce qu’ils sont de véritables loups. Mais gardons-nous de croire que tous ceux qui livrent leur corps au supplice même du feu versent leur sang pour les brebis, c’est bien plutôt contre elles qu’elles le versent. Car, comme dit l’Apôtre : « Quand je livrerai mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien. » (1 Co 13) Or, comment peut-on prétendre avoir le moindre degré de charité, quand on n’aime pas l’unité de la communion chrétienne ? C’est pour nous recommander cette unité que le Seigneur ne veut point dire qu’il y a plusieurs pasteurs, mais un seul, en disant : « Je suis le bon pasteur. »


S. Chrysostome : (hom. 89 sur S. Jean.) Nôtre-Seigneur en vient ensuite à parler de sa passion, et à montrer qu’elle avait pour objet le salut du monde, et qu’il allait volontairement au-devant d’elle. Puis il expose de nouveau les signes distinctifs du pasteur et du mercenaire. « Mais le mercenaire et celui qui n’est pas le pasteur, à qui les brebis n’appartiennent pas, voit venir le loup, laisse là les brebis et s’enfuit. » — S. GREG. Il en est quelques-uns qui, en préférant dans leur affection les avantages de la terre, aux brebis elles-mêmes, perdent justement le nom de pasteur ; car celui qui ne conduit pas ses brebis par un sentiment d’amour, mais pour un gain terrestre, n’est pas un pasteur, c’est un mercenaire. Le mercenaire, en effet, est celui qui tient la place du pasteur, mais ne cherche pas l’intérêt des âmes, ne soupire qu’après les richesses