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lui répondit : « Vous n’auriez sur moi aucun pouvoir, s’il ne vous était donné d’en haut. » Il lui apprend ainsi que les événements qui le concernent ne suivent pas la marche ordinaire des choses, et ne découlent pas de causes naturelles, mais de raisons secrètes et surnaturelles ; ne croyez pas cependant que le Sauveur justifie entièrement pour cela la conduite de Pilate : « C’est pourquoi, ajoute-t-il, celui qui m’a livré à vous est coupable, d’un plus grand péché. » Mais, me direz-vous, si ce pouvoir a été donné d’en haut, ni Pilate, ni les Juifs ne sont coupables d’aucun crime ? Vaine objection, car ce pouvoir lui a été donné dans ce sens qu’il lui a été accordé, c’est-à-dire que Dieu a permis tout ce qui arrivait, mais Pilate, et les Juifs n’en sont pas pour cela moins coupables.




S. AUG. Nôtre-Seigneur répond ici à la question qui lui était faite ; lors donc qu’il ne répondra pas, ce n’est ni par conscience de sa culpabilité, ni par artifice, mais parce qu’il est semblable à l’agneau, qui se tait devant ceux qui le tondent ; et, lorsqu’il croit devoir répondre, c’est pour enseigner, comme pasteur. Recueillons donc ici la leçon que Nôtre-Seigneur nous donne, et qu’il nous enseigne encore par son Apôtre : « Il n’y a point de puissance qui ne soit de Dieu ; » (Rm 13, 1) et celui qui, poussé par un noir sentiment d’envie, livre au pouvoir un innocent pour le faire mettre à mort, est plus coupable que le dépositaire du pouvoir lui-même qui condamne cet innocent, parce qu’il craint le pouvoir qui lui est supérieur. En effet, le pouvoir que Dieu avait donné à Pilate était subordonné à celui de César. C’est pour cela que Jésus lui dit : « Vous n’auriez sur moi aucun pouvoir (c’est-à-dire le moindre pouvoir tel que celui que vous avez), si ce pouvoir, quel qu’il soit, ne vous avait été donné d’en haut. » Mais comme je connais l’étendue de ce pouvoir (qui ne va pas jusqu’à être complètement indépendant), je déclare que a celui qui m’a