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plus utile aux Juifs et aux Gentils, et tel est le sens de sa réponse : Ecoutez, Juifs et Gentils, je ne gêne en rien votre domination en ce monde, que voulez-vous davantage ? Venez prendre possession par la foi d’un royaume qui n’est pas de ce monde. En effet, de quoi se compose son royaume ? De ceux qui croient en lui. C’est à eux que Jésus dit : « Vous n’êtes pas de ce monde, » bien que sa volonté fût qu’ils demeurassent au milieu du monde. Aussi ne dit-il pas : Mon royaume n’est pas dans ce monde, mais : « Mon royaume n’est pas de ce monde. » Tout ce qui dans l’homme a été créé de Dieu il est vrai, mais qui a été engendré de la race corrompue d’Adam, est du monde, mais tout ce qui a été ensuite régénéré en Jésus-Christ fait partie de son royaume et n’est plus du monde. « C’est ainsi que Dieu nous a arrachés de la puissance des ténèbres, et nous a transférés dans le royaume de son Fils bien-aimé. » (Col 1, 13.) — S. Chrysostome : Ou bien encore Nôtre-Seigneur veut dire que sa royauté n’ a pas la même origine que la royauté des princes de la terre, et qu’il tient d’en haut un pouvoir qui n’a rien d’humain, et qui est beaucoup plus grand et plus éclatant. C’est pour cela qu’il ajoute : « Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs combattraient pour que je ne fusse pas livré aux Juifs. » Il fait voir ici la faiblesse des royautés de la terre qui tirent leur force de leurs ministres et de leurs serviteurs ; mais le royaume dont l’origine est toute céleste se suffit à lui-même, et n’a besoin d’aucun appui. Si telle est donc la puissance de ce royaume, c’est de sa pleine volonté qu’il s’est lui-même livré à ses ennemis.




S. AUG. Après avoir prouvé que son royaume n’était pas de ce monde, Jésus ajoute : « Mais mon royaume n’est pas d’ici. » Il ne dit pas : Mon royaume n’est pas ici, car il est vraiment sur la terre jusqu’