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du pouvoir de juger, et en ne lui laissant que celui d’infliger le châtiment ; mais les Juifs refusent d’aborder de front l’accusation, et n’allèguent que de vagues présomptions : « Ils lui répondirent : Si ce n’était pas un malfaiteur, nous ne vous l’aurions pas livré. » — S. AUG. Qu’on interroge et qu’ils répondent, ceux qu’il a délivrés des esprits impurs, les malades qu’il a guéris, les lépreux qu’il a purifiés, les sourds à qui il a rendu l’ouïe, les aveugles dont il a ouvert les yeux, les muets dont il a délié la langue, les morts qu’il a ressuscites, et ce qui surpasse tous ces miracles, les insensés à qui il a donné la sagesse, et qu’ils disent si Jésus est un malfaiteur. Mais ceux qui portaient cette accusation étaient ces ingrats dont le Prophète avait fait cette prédiction : « Ils me rendaient le mal pour le bien. » (Ps 34, 12) — S. AUG. (De l’accord des Evang., 3, 8) Il nous faut examiner si saint Luc n’est pas en contradiction avec saint Jean lorsqu’il raconte que les Juifs formulèrent contre le Sauveur des chefs certains d’accusation : « Et ils commencèrent à l’accuser, ou disant : Nous avons trouvé celui-ci pervertissant notre nation, défendant de payer le tribut à César, et disant qu’il est le Christ roi. » (Lc 22, 2.) D’après saint Jean, au contraire, les Juifs paraissent ne vouloir formuler aucune accusation aussi particulière, afin que Pilate s’en rapportant exclusivement à leur parole, cessât de leur demander ce dont ils l’accusaient, et qu’il le regardât comme coupable par cela seul qu’ils avaient cru devoir le livrer entre ses mains. Or nous devons admettre et le récit de saint Jean et celui de saint Luc ; car il y eut dans cette circonstance bien des questions et des réponses échangées, chaque évangéliste a fait entrer dans sa narration ce qu’il a jugé