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me frappaient. » (Is 1, 6) Or, Jésus frappé injustement, répond avec douceur : « Si j’ai mal parlé, montrez ce que j’ai dit de mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappez-vous ? »




THEOPHYL. C’est-à-dire, si vous trouvez quelque chose à reprendre dans ce que je viens de dire, prouvez que j’ai mal parlé ; si vous ne le pouvez pas, pourquoi cet acte de cruauté ? Ou bien encore, si l’enseignement que j’ai donné dans les synagogues est blâmable, faites-le connaître au prince des prêtres ; si au contraire cet enseignement est irrépréhensible à ce point que vous en étiez dans l’admiration, pourquoi me frappez-vous maintenant, puisque vous ne pouviez vous empêcher d’admirer auparavant ?




S. AUG. (Traité 113 sur S. Jeun.) Quoi de plus vrai, de plus doux, de plus juste que cette réponse ? Si nous considérons attentivement celui qui a reçu ce soufflet, qui de nous ne voudrait voir celui qui l’a frappé, ou consumé par le feu du ciel, ou englouti par la terre entr’ouverte, ou la proie d’un démon furieux, ou victime d’un châtiment semblable et plus effrayant encore ? Quoi de plus facile à celui qui a créé le monde que de mettre sa puissance au service de sa justice, s’il n’avait mieux aimé nous enseigner la patience par laquelle nous triomphons du monde. On nous demandera peut-être : Pourquoi le Sauveur n’a-t-il pas fait ce qu’il a commandé lui-même aux autres ? Ne devait-il pas souffrir cet affront en silence et tendre l’autre joue, à celui qui le frappait ? Nous dirons que Nôtre-Seigneur est allé plus loin, en répondant avec douceur et en ne tendant pas seulement l’autre joue à relui qui le frappait, mais en abandonnant son corps tout entier pour être cloué sur la croix. Il nous apprend ainsi que nous devons