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glorifier le Fils, afin que le Fils pût glorifier ensuite le Père. Ici au contraire il dit : « Je vous ai glorifie, et maintenant glorifiez-moi, » c’est-à-dire, qu’il semble demander d’être glorifié comme récompense de ce qu’il a le premier glorifié son Père. Pour expliquer cette différence, il faut admettre que dans la première proposition, Notre-Seigneur s’est servi du Verbe qui exprimait le temps dans lequel les choses devaient avoir lieu, et que dans la seconde proposition, il s’est servi du passé pour exprimer une chose future, comme s’il avait dit : Je vous glorifierai sur la terre, en consommant l’œuvre que vous m’avez donnée à faire, et maintenant glorifiez-moi vous-même, mon Père. Ces deux propositions ont donc le même sens et ne diffèrent que parce que la seconde renferme le mode de glorification que le Fils demande à son Père : « Glorifiez-moi en vous-même de la gloire que j’ai eue en vous avant que le monde fût. » L’ordre naturel de cette phrase est celui-ci : Que j’ai eue en vous avant que le monde existât. Il en est qui ont prétendu que ces paroles signifiaient que la nature humaine dont le Verbe s’est revêtu dans l’incarnation, devait être transformée dans la nature du Verbe, et que l’homme devait être changé on Dieu. Bien plus, si nous examinons de plus près leur sentiment, ils vont jusqu’à dire que l’homme est anéanti en Dieu, car personne n’oserait dire que ce changement double en aucune façon, ou augmente le Verbe de Dieu. Nous disons, nous, que celui qui nie que le Fils de Dieu ait été prédestiné, nie par-là même qu’il soit le Fils de l’homme, Jésus donc voyant arriver le temps de la glorification à laquelle il était prédestiné, demande que cette prédestination reçoive son accomplissement : « Et maintenant glorifiez-moi, » etc. C’est-à-dire, il est