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avec la crainte ; et il y a une autre crainte chaste et pure, celle qui demeure éternellement. (Ps 18) Nôtre-Seigneur avait donc en vue ceux qui servent sous l’impression de la première servitude, lorsqu’il dit : « Je ne vous appellerai plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas, » etc. Il ne veut point parler de ce serviteur animé d’une crainte chaste, et à qui son maître dit : « Courage, bon serviteur, entrez dans la gloire de votre Seigneur ; » (Mt 24) mais du serviteur qui agit par ce sentiment de crainte que l’amour parfait chasse du cœur, et dont il est dit : « Le serviteur ne demeure pas toujours dans la maison, mais le fils y demeure éternellement. » Puisque donc Dieu nous a donné le pouvoir d’être ses enfants (Jn 1), ne soyons plus serviteurs, soyons des enfants, de sorte que par une admirable transformation, nous soyons serviteurs sans être serviteurs ; or, nous savons que c’est le Seigneur qui produit ce changement ineffable, tandis que le serviteur qui ne sait pas ce que fait son maître, l’ignore. Lorsqu’il fait quelque bien, il s’élève comme s’il en était l’unique auteur, et se glorifie en lui-même, plutôt que de renvoyer toute la gloire à son maître.




« Je vous ai appelés mes amis, parce que tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. » — THEOPHYL. C’est-à-dire, le serviteur ne connaît pas les pensées de son maître, mais pour vous que je considère comme mes amis, je vous ai communiqué tous mes secrets. — S. AUG. (Traité 86 sur S. Jean.) Mais dans quel sens devons-nous entendre qu’il a fait connaître à ses disciples tout ce qu’il a entendu dire à son Père ? Il y a sans doute beaucoup de choses que le Sauveur n’a point dites à ses disciples, parce qu’ils n’étaient pas capables de les comprendre ; mais il dit qu’il leur a fait connaître toutes