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charité que nous aimons Dieu et notre prochain, avec cette unique différence que nous aimons Dieu pour Dieu, et que nous aimons le prochain et nous-mêmes pour Dieu. Ou comprend donc que bien qu’il y ait deux préceptes de charité qui renferment toute la loi et les prophètes (c’est-à-dire l’amour de Dieu et l’amour du prochain), l’Ecriture cite souvent l’un pour l’autre, parce qu’en effet, celui qui aime Dieu, est disposé à faire ce que Dieu lui commande ; il doit donc aimer un prochain pour obéir au commandement que Dieu lui en fait. Et c’est pour cela que Notre-Seigneur ajoute : « Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. »




S. GREG. Un ami, amicus, est comme le gardien de l’âme, animi custos, et voilà pourquoi celui qui garde la volonté de Dieu en accomplissant ses préceptes, est appelé son ami. — S. AUG. (Traité 85 sur S. Jean.) Quelle admirable condescendance ! comme on ne peut être bon serviteur si l’on n’accomplit les préceptes de son maître, il veut que le caractère spécial des bons serviteurs, soit aussi le signe distinctif de ses amis. Le bon serviteur peut donc à la fois être serviteur et ami. Mais comment comprendre que le bon serviteur puisse réunir à la fois les deux titres de serviteur et d’ami, le Sauveur l’explique lui-même : « Je ne vous appellerai plus serviteur, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. » Est-ce à dire que nous cesserons d’être serviteurs, parce que nous serons de bons serviteurs ? Est-ce qu’un maître ne confie pas aussi sus secrets à un serviteur, dont il a mis la fidélité à l’épreuve ? Je réponds qu’il y a deux sortes de servitudes, comme il y a deux sortes de craintes. Il y a la crainte que la charité parfaite bannit complètement du cœur (1 Jn 4, 18) ; et cette crainte entraîne avec elle la servitude qu’il faut mettre dehors