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qu’ils porteront beaucoup de fruits : « C’est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruit, » c’est-à-dire, si la gloire de mon Père est intéressée à ce que vous portiez du fruit, il ne négligera pas sa gloire ; or, celui qui produit du fruit est disciple de Jésus-Christ, comme l’ajoute Nôtre-Seigneur : « Et que vous devenez mes disciples. » — THEOPHYL. Le fruit que devaient porter les Apôtres sont les nations qu’ils ont enchaînées à la foi par leurs enseignements, et dont ils ont fait autant d’instruments de la gloire de Dieu. — S. AUG. (Traité 82 sur S. Jean.) Que l’on traduise, c’est l’honneur ou la gloire, clarificatus, sive glorificatus, l’un et l’autre de ces deux mots sont la traduction du même mot grec δόζα, en latin, gloria, gloire ; j’ai cru utile de faire cette remarque, pour que nous ne soyons pas tentés de tourner à notre propre gloire le mérite de nos bonnes œuvres, comme s’il venait de nous, car il vient de sa grâce, et nous devons lui en renvoyer exclusivement la gloire. Qui pourrait, en effet, nous faire produire du fruit, si ce n’est celui dont la miséricorde nous a prévenus ? Aussi le Sauveur ajoute-t-il : « Comme mon Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. » Voilà pour nous le principe de toutes les bonnes œuvres, et d’où pourraient-elles venir, si ce n’est de la foi qui opère par la charité ? Et comment aurions-nous pu l’aimer, s’il ne nous aimait le premier ? Quant à ces paroles : « Comme mon Père m’a aimé, moi aussi je vous aime, » elles n’emportent pas l’égalité de nature entre nous et Jésus-Christ, comme elle existe entre son Père et lui, elles signifient simplement la grâce du médiateur de Dieu et des hommes, Jésus-Christ homme. C’est cette médiation qu’il veut exprimer, lorsqu’il dit : « Comme mon Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés, » car le Père nous aime aussi, mais en Jésus-Christ.