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sainte Vierge n’avait pas conçu et enfanté sa chair d’une source empoisonnée par le péché. Mais alors, pouvait-on lui dire : Pourquoi devez-vous souffrir la mort, si vous êtes sans péché, puisque la mort est la peine du péché ? Il prévient cette objection en ajoutant : « Mais afin que le monde connaisse que j’aime mon Père, et que selon le commandement que mon Père m’a donné, ainsi je fais ; levez-vous, sortons d’ici. » En effet, il était encore à table avec ses disciples, lorsqu’il leur adressait le discours qui précède ; il dit : « Allons, » en se dirigeant vers le lieu où on devait se saisir de sa personne pour le livrer à la mort, bien qu’il n’eût aucunement mérité la mort ; mais son Père lui commandait de mourir, et il voulait donner l’exemple de l’obéissance par amour.


S. AUG. (contr. le disc. des Ar., 2) L’obéissance du Fils, à la volonté et aux ordres de son Père, n’est point une preuve même parmi les hommes, de la diversité et de l’inégalité de nature entre le Père qui commande et le Fils qui obéit, et il y a ici quelque chose de plus, c’est que Jésus-Christ n’est pas seulement Dieu, en quoi il est égal à son Père, mais il est homme aussi, et par conséquent d’une nature inférieure à celle de son Père. — S. Chrysostome : (hom. 76 sur S. Jean.) On peut dire encore que ces paroles : « Levez-vous, sortons d’ici, » sont le commencement d’un autre ordre d’idées. Le temps, comme le lieu, étaient pour les disciples une cause naturelle de crainte et d’effroi. Ils étaient dans un endroit connu et ouvert de toutes parts ; la nuit était profonde, et ils ne prêtaient qu’une médiocre attention aux paroles du Sauveur, tournant les yeux de côté et d’autre, et s’imaginant toujours voir entrer ceux qui devaient les attaquer. Ce que le Sauveur venait de leur dire : « Je ne vous parlerai plus guère, car le prince de ce monde est venu, » ajoutait à leur frayeur. Jésus les