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nous serve à vaincre nos ennemis et à nous aimer les uns les autres ; il nous donnera sa paix dans le siècle futur, où nous régnerons sans avoir à craindre ni les attaques des ennemis, ni les dissentiments avec nos frères. Or, c’est lui-même qui est notre paix, et lorsque nous croyons qu’il est et lorsque nous le verrons tel qu’il est. Mais pourquoi, lorsqu’il dit à ses disciples : « Je vous laisse la paix, » ne dit-il point : Ma paix, tandis que dans la proposition suivante il dit : « Je vous donne ma paix ? » Devons-nous sous-entendre ce pronom ma dans la phrase où il n’est pas exprimé ? Ou bien y a-t-il ici quelque vérité cachée ? Par sa paix, il veut que nous entendions celle dont il jouit lui-même. Quant à la paix qu’il nous laisse pendant cette vie, c’est plutôt notre paix que la sienne. Le Sauveur n’a en lui aucun élément de guerre intérieure, parce qu’il n’y a en lui aucun péché ; tandis que la paix que nous pouvons avoir en ce monde ne nous empêche pas de dire : « Pardonnez-nous nos péchés. » De même encore la paix règne entre nous, parce que nous croyons à l’amour mutuel que nous avons les uns pour les autres ; mais cette paix n’est point parfaite, parce que nous ne pouvons pénétrer réciproquement les pensées secrètes de nos cœurs. Je sais toutefois que l’on peut entendre ces paroles du Sauveur dans le sens d’une simple répétition de la même pensée. Il ajoute : « Je ne vous la donne pas comme le monde la donne ; » c’est-à-dire, je ne la donne pas comme la donnent les hommes qui aiment le monde. Ils s’accordent mutuellement la paix, afin de pouvoir jouir des biens de ce monde sans inquiétude et sans crainte ; et s’ils laissent la paix aux justes en ce sens qu’ils ne les persécutent pas, ce ne peut être une paix véritable, parce qu’il ne peut y avoir de véritable entente là où les cœurs sont séparés. — S. Chrysostome : D’ailleurs, la paix qui n’est qu’extérieure