Page:Aquin - Explication suivie des quatre Évangiles, Tome 8, 1869.djvu/215

Cette page n’a pas encore été corrigée

personnes, en ajoutant : « Celui qui me voit, voit aussi mon Père, » pour prévenir cette erreur que le Fils est une même personne avec le Père. Il lui montre maintenant qu’il n’a point vu le Fils des yeux du corps. Si quelqu’un veut donner ici au mot voir la signification du mot connaître, je ne m’y oppose point, et tel serait alors le sens de ces paroles : « Celui qui me connaît, connaît aussi le Père. » Mais ce n’est point la pensée du Sauveur, qui a voulu exprimer sa consubstantialité avec son Père en ces termes : Celui qui a vu ma nature, a vu la nature de mon Père. Il résulte de là qu’il n’est pas une simple créature, car celui qui voit un être créé ne voit pas Dieu. Philippe, d’ailleurs, désirait voir la nature du Père. Si donc le Sauveur avait une nature différente de son Père, il ne dirait pas : « Celui qui me voit, voit mon Père, « car personne ne peut voir la nature de l’or dans celle de l’argent ; une nature ne peut faire voir en elle-même une nature toute différente.


S. AUG. Le Sauveur s’adresse ensuite non plus à Philippe seul, mais a tous ses apôtres : « Les paroles que je vous dis, je ne vous les dis pas de moi-même ; » que signifie cette manière de s’exprimer : « Je ne parle pas de moi-même, » si ce n’est : Moi qui vous parle, je ne suis pus de moi-même ? Il attribue ainsi ce qu’il fait à celui de qui lui vient avec l’être le pouvoir d’agir. — S. HIL. (de la Trin., 7) Il ne nie donc pas qu’il soit le Fils, il ne dissimule pas non plus la puissance de la nature paternelle qui est en lui, car lorsqu’il parle, il parle dans sa propre nature, et en déclarant qu’il ne parle pas de lui-même, il atteste en lui la naissance divine qui le fait naître d’un Dieu.— S. Chrysostome : Voyez avec quelle abondance de preuves il établit l’unité de la nature divine : « Le Père qui demeure en moi, fait lui-même