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d’une autre nature vivante, c’est-à-dire, en vertu de la naissance d’un Dieu engendré par un Dieu. — S. HIL. (de la Trin., 5) En effet, Dieu qui est immuable, agit conformément à sa nature en engendrant une nature immuable, et cette naissance parfaite d’un Dieu immuable qui sort du sein d’un Dieu immuable, lui conserve toute la perfection de sa nature. Nous comprenons donc que la nature divine est en lui, en ce sens que c’est Dieu qui est dans Dieu, et qu’il n’y a point d’autre Dieu en dehors de lui qui est Dieu.


S. Chrysostome : (hom. 74 sur S. Jean.) On peut encore donner une autre explication de ce passage. Philippe voulait voir le Père des yeux du corps, parce qu’il pensait avoir vu le Fils de la sorte, peut-être aussi, parce qu’il avait entendu dire aux prophètes qu’ils avaient vu le Seigneur, c’est sous cette impression qu’il dit à Jésus : « Montrez-nous le Père. » Les Juifs lui avaient souvent fait cette question : « Quel est votre Père ? » Pierre et Thomas lui avaient demande oùl il allait, et ni les uns ni les antres n’avaient compris sa réponse. Philippe donc voulant éviter le reproche d’importunité, se contente de lui dire : « Montrez-nous le Père, et cela nous suffit, » c’est-à-dire, nous ne demandons rien autre chose. Or, le Sauveur ne lui répond point : « Vous demandez une chose impossible ; » mais il lui fait comprendre qu’il n’a même pas vu le Fils, car s’il avait pu le voir, il aurait vu aussi le Père, et c’est le sens de ces paroles : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ? Philippe, qui me voit, voit aussi mon Père. » Il ne lui dit pas : Vous ne m’avez pas vu, mais : « Vous ne m’avez pas connu, » c’est-à-dire, vous n’avez pas compris que le Fils demeurant ce qu’est le Père, peut très-bien montrer en lui celui qui l’a engendré. Il distingue ensuite les deux