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qu’il a daigné se faire pour notre amour et pour nous sauver de la mort, nous ses créatures. Comment est-il devenu la tête de l’Église si ce n’est par son humanité ? Comment donc peut-on faire partie du corps de Jésus-Christ, en reniant Jésus-Christ comme homme ? Mais pourquoi nous arrêter davantage à cette difficulté ? Nôtre-Seigneur ne dit point : Le coq ne chantera pas que vous n’ayez renié l’homme où le Fils de l’homme ; mais : « Le coq ne chantera pas que vous ne m’ayez renié. » Que veut dire ici l’expression moi, si ce n’est ce que Jésus-Christ était alors ? donc tout ce que Pierre a renié dans le Christ, c’est Jésus-Christ lui-même qu’il a renié. En douter, ce serait un crime. Jésus-Christ l’a déclaré, il a prédit les deux choses ; il est donc certain que Pierre a renié Jésus-Christ. N’allons pas accuser Jésus-Christ, en voulant défendre Pierre. Pierre a reconnu pleinement son péché, et l’abondance des larmes qu’il a versées a témoigné de la grandeur du crime qu’il a commis. Si nous parlons de la sorte, ce n’est point pour le plaisir d’accuser le chef des Apôtres, mais la considération de sa chute nous apprend combien l’homme doit se défier de ses propres forces. — Bède : Que chacun cependant profite de cet exemple. pour ne point se laisser aller au désespoir lorsqu’il tombe dans quelque faute, et qu’il y puise l’espérance assurée d’obtenir son pardon. — S. Chrysostome : Nous devons aussi conclure de là que le Seigneur permit la chute de Pierre. Il aurait pu, sans doute, la prévenir tout d’abord ; mais comme cet apôtre persévérait dans ses protestations opiniâtres, le Sauveur ne le poussa point à le renier, mais il l’abandonna à ses propres forces, pour lui faire comprendre sa propre faiblesse, le préserver pour l’avenir d’une si déplorable chute, lorsqu’il serait chargé du gouvernement du monde entier, et lui donner la connaissance de lui-même par le souvenir de sa faiblesse.