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vous, n’a pas été fondé sur vos mérites antérieurs, c’est moi qui vous ai prévenus, ainsi devez-vous faire le bien, sans y être forcés par aucune obligation de reconnaissance.


S. AUG. Ne croyez pas que le Sauveur ait oublié ici le commandement qui nous oblige d’aimer le Seigneur notre Dieu ; car, pour qui l’entend bien, chacun de ces deux commandements se retrouve dans l’autre. En effet, celui qui aime Dieu ne peut pas mépriser Dieu, qui lui recommande d’aimer le prochain ; et celui qui aime le prochain d’un amour surnaturel et spirituel, qu’aime-t-il en lui, si ce n’est Dieu ? C’est cet amour que Nôtre-Seigneur veut séparer de toute affection terrestre, lorsqu’il ajoute : « Comme je vous ai aimés. » Qu’a-t-il aimé en nous, en effet, si ce n’est Dieu ? Non pas Dieu que nous possédons, mais Dieu, qu’il désirait voir en nous. Aimons-nous donc ainsi les uns les autres, afin qu’autant que nous le pourrons, nous soyons attirés à la possession de Dieu seul par la force de cet amour mutuel.


S. Chrysostome : Nôtre-Seigneur laisse de côté les miracles que ses disciples devaient opérer, et veut qu’on ne les reconnaisse qu’à cet amour seul qu’ils auront les uns pour les autres : « C’est en cela que tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez, de l’amour les uns pour les autres. » C’est à ce signe qu’on reconnaît la véritable sainteté, comme c’est à ce signe que le Sauveur reconnaît ses disciples. — S. AUG. Ne semble-t-il pas dire : Ceux qui ne sont pas mis disciples partagent avec vous d’autres grâces, d’autres faveurs ; non-seulement ils ont une même nature, une même vie, une même intelligence, une même raison, et cet ensemble de biens qui sont communs aux hommes et aux animaux, mais encore le don des langues, le pouvoir d’administrer les sacrements, le don de prophétie, la science, la foi, la distribution