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quitter, que nous sentons notre affection pour elle redoubler, surtout lorsque nous la voyons partir pour des lieux où il nous est impossible de la suivre. Il nous apprend en même temps que sa mort n’est qu’un déplacement, une translation heureuse dans un lieu où les corps mortels ne peuvent avoir d’accès.


S. AUG. Nôtre-Seigneur leur enseigne du reste la voie qu’ils devront suivre pour arriver là où il les précédait : « Je vous donne un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres. » (Traité 65) Mais est-ce que ce commandement n’existait pas déjà dans l’ancienne loi, qui avait Dieu pour auteur, et où il est écrit : « Vous aimerez votre prochain comme vous-même ? » Pourquoi donc Nôtre-Seigneur l’appelle-t-il un commandement nouveau ? Est-ce qu’il nous a dépouillé du vieil homme pour nous revêtir du nouveau ? Celui, en effet, qui reçoit ce précepte, ou plutôt qui lui est fidèle, se trouve renouvelé, non point par toute espèce d’amour, mais par cet amour que le Sauveur distingue avec soin de l’affection purement naturelle, en ajoutant : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. » Ne vous aimez pas comme s’aiment les hommes qui ne cherchent qu’à corrompre, ni comme ceux qui s’aiment, parce qu’ils ont une même nature, mais aimez-vous comme ceux qui s’aiment mutuellement, parce qu’ils sont dieux, et les fils du Très-Haut, pour devenir ainsi les frères du Fils unique de Dieu, en s’aimant mutuellement de cet amour qu’il a eu pour eux et qui le porte à les conduire à cette fin bienheureuse où il rassasiera leurs désirs dans l’abondance de tous les biens. — S. Chrysostome : Ou bien encore ces paroles : « Comme je vous ai aimés, » signifient que l’amour que j’ai eu pour