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L’âme du chrétien peut donc légitimement être troublée, non par la souffrance, mais par un sentiment de compassion. (Traité 61.) Jésus dit : « L’un de vous, » par le nombre, non par le mérite ; l’un de vous par l’apparence et non par sa vertu.


S. Chrysostome : Mais comme il n’avait pas désigné le traître par son nom, ils sont tous de nouveau saisis de frayeur : « Les disciples donc se regardaient l’un l’autre, ne sachant de qui il parlait. » Leur conscience ne leur reprochait aucun dessein de ce genre, et cependant cette déclaration du Sauveur l’emportait dans leur esprit sur leurs propres pensées. — S. AUG. (Traité 61.) Leur pieuse tendresse pour leur maître ne les empêchait pas, sous l’impression d’un sentiment de faiblesse naturelle, de concevoir ces soupçons les uns à l’égard des autres. — ORIG. Ils se rappelaient d’ailleurs par l’expérience qu’ils avaient de la faiblesse humaine, que la vertu, chez les parfaits, n’est point à l’abri de la mutabilité, et que les désirs les plus louables peuvent facilement se changer en désirs contraires.


S. Chrysostome : Tous donc étant saisis de crainte, et Pierre, leur chef, tout tremblant lui-même ; Jean, comme le disciple bien-aimé, inclina sa tête sur la poitrine de Jésus : « Or, un des disciples de Jésus, que Jésus aimait, reposait sur son sein. » — S. AUG. C’était Jean, l’auteur de cet Evangile, comme il le déclare plus loin lui-même. En effet, lorsque les écrivains sacrés racontent un fait où il est question d’eux-mêmes, ils ont coutume d’en parler comme d’une tierce personne. Et en effet, en quoi peut souffrir la vérité du récit, lorsque les choses sont dites telles qu’elles sont, et qu’en même temps l’écrivain échappe au danger de la vanité ?